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Télétravail : quelle est motivation des salariés en période de confinement

Télétravail : quelle est motivation des salariés en période de confinement
Published on
13 October 2020

Des chercheurs de Grenoble Ecole de Management et de l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées, ont étudié les liens entre la motivation à travailler à distance de salariés français, les conditions de travail et les conséquences psychologiques, liées à la crise sanitaire COVID-19. A la clé, quelques préconisations propices au contexte de télétravail.

L'étude a été conduite par Mathieu Pinelli, Caroline Cuny et Lionel Strub, enseignants-chercheurs à Grenoble École de Management, et Marion Trousselard, issue de l'Institut de Recherche Biomédicale des Armées. Les résultats de l'enquête se fondent sur un échantillon de convenance (voir encadré) de 383 salariés français en situation de télétravail durant le confinement du 7 avril au 10 mai 2020. Entretien avec Caroline Cuny, docteur en psychologie cognitive.

Quelles ont été les motivations qui vous ont conduits à réaliser cette étude ?

Le télétravail est habituellement associé à une flexibilité dans le travail, et un gain en responsabilité et en autonomie, ce qui génère de la satisfaction. Durant la période de confinement, nous n'étions pas du tout dans cette configuration : le télétravail, tout comme la situation de confinement ont été imposés. Le climat était alors anxiogène et très contraint. L'objectif de l'étude a donc consisté à étudier l'impact de cette double contrainte sur la motivation, l'engagement et la satisfaction des collaborateurs au travail.

Quelle est sa finalité ?

L'idée est de percevoir les effets négatifs inhérents à cette double situation de contrainte. L'objectif est bien d'identifier quels sont les facteurs protecteurs dans une situation négative, afin de pouvoir y remédier. Parmi les facteurs protecteurs, qui viennent renforcer la motivation à travailler à distance, l'étude a notamment relevé l'importance du soutien du supérieur hiérarchique ; l'autonomie perçue dans son travail qui augmente la motivation à travailler ; la posture de pleine conscience – le fait de porter intentionnellement une attention sans jugement sur l'expérience présente -, mais aussi l'importance des interactions sociales pendant le travail, durant le confinement, qui accroît la motivation à travailler. Enfin, plus surprenant : plus les salariés font d'heures en plus par rapport à habituellement, et plus ils sont motivés à travailler. Notons ainsi que 26 % des salariés du panel font plus de quatre heures de télétravail en plus par semaine.

Quels sont alors les facteurs relevés qui viennent entraver la motivation et l'engagement des salariés dans ce contexte ?

Ce sont essentiellement les ressentis négatifs durant le confinement qui diminuent la motivation à travailler, mais également, le stress perçu ; soit l'incertitude liée au confinement. En revanche, certains facteurs sont neutres : ni le risque perçu de contracter le virus, ni la durée du confinement ne viennent impacter la motivation à travailler.

Au vu des résultats, quelles sont aujourd'hui vos principales recommandations dans une situation de télétravail imposé ?

L'intérêt de l'étude est de constater qu'adopter une attitude mindfulness diminue le stress perçu de façon générale. La première recommandation est donc de proposer aux salariés des formations à la pleine conscience. L'organisation du travail est également déterminante sur la motivation. Ainsi, renforcer l'autonomie et la flexibilité consiste à donner la possibilité aux salariés d'ajuster la planification des tâches. De même, le soutien du supérieur hiérarchique et la pérennisation du lien social sont essentiels au bien-être en télétravail : le salarié doit avoir le sentiment prégnant d'être en lien avec l'organisation, en disposant notamment des outils numériques adaptés permettant de nourrir le lien social.

Les limites de l'étude

L'échantillon représente une catégorie spécifique de la population : les cadres et les professions intellectuelles supérieures, travaillant dans le secteur privé et ayant la quarantaine. Aussi, les études futures devraient se focaliser sur les autres catégories socio-professionnelles et les salariés du secteur public, afin d'augmenter la généralisation des résultats à l'ensemble de la population en télétravail durant un confinement. A l'avenir, les recherches devraient être centrées sur le sentiment d'appartenance à l'entreprise.

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