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Recherche : Effacement de consommation électrique, pourquoi les industriels hésitent

Mark Olsthoorn, professor and researcher at Grenoble Ecole de Mangement
Published on
07 April 2015

En acceptant de réduire leur consommation électrique lors de pics de demande, les industriels faciliteraient l'équilibrage des réseaux de distribution. Or, ils ont de solides arguments pour ne pas jouer la carte de la flexibilité. Une étude les identifie pour la première fois, de manière empirique.

Cet article de Mark Olsthoorn est le sujet du 13ème numéro de GEM LAB Executive Summaries.

Pour déterminer les réticences des industriels, les chercheurs ont interrogé environ 200 entreprises allemandes de Bavière et du Bade-Wurtenberg. Elles appartenaient aux secteurs du métal, de la chimie, de l'alimentaire, du papier, du caoutchouc, du plastique, de la mécanique et de l'électronique, tous consommateurs significatifs d'électricité.

Des économies qui restent à démontrer

D'après l'article

Barriers to electricity load shift in companies: A survey-based exploration of the end-users perspective Energy Policy 76 (2015) 32 - 42 -  Mark Olsthoorn, Joachim Schleich, Marian Klobasa, 2014.

Si elles hésitent à pratiquer l'effacement électrique, c'est d'abord par crainte de voir leur production brutalement interrompue. Autres objections fortes, les risques pour la qualité des produits et le flou autour des économies qu'elles pourraient réaliser. Certes, les opérateurs de réseaux proposent des incitations financière. Mais l'effacement a aussi un coût, difficile à évaluer, ce qui n'aide pas les industriels à s'engager.

Les moins réticents sont ceux qui fabriquent en continu : beaucoup disposent en effet de sources d'énergie de secours qui pourraient prendre le relais en période d'effacement. A l'inverse, les usines qui fabriquent par campagnes ponctuelles ou en juste-à-temps sont moins ouvertes à l'effacement : pour elles, il est plus important de produire au moment qu'elles auront choisi.

D'autres objections proposées par les chercheurs ont moins d'influence : manque de visibilité sur le contexte technique et financier, coût des investissements préalables, travail supplémentaire occasionné, manque de compétence des salariés…

Un gisement de flexibilité sans doute surestimé

A la lumière de cette étude, on réalise que l'effacement électrique n'a pas forcément le potentiel d'économies et de flexibilité qu'on lui prête sur le papier. Les auteurs suggèrent plusieurs pistes correctives : incitations financières accrues, démonstrations et études de cas, conditions pratiques plus simples, claires et flexibles, prise en compte des situations où l'industriel ne peut pas s'arrêter…

Ils s'interrogent aussi sur les profils d'entreprises à cibler : plutôt que de se focaliser sur quelques « gros » industriels, très consommateurs mais peu enclins à la flexibilité, ne faudrait-il pas viser davantage d'entreprises de taille moyenne, même si elles consomment moins ?

A retenir

  • Trois objections majeures des industriels : risque d'arrêt brutal de l'activité, baisse de la qualité des produits, difficulté à évaluer les économies possibles
  • Les industriels à process continu sont plus ouverts à l'effacement électrique que ceux qui fabriquent par campagnes ou en juste-à-temps
  • Il faudra de fortes actions incitatives pour que la pratique s'installe dans l'industrie.